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17 février – 1 mars 2025/ Galerie du Tableau
37 rue Sylvabelle, 13006, Marseille.
Par une patiente observation, sélection, traitement et appropriation de matières biologiques, Julie Dalmon expérimente jusqu’à l’os. Sa pratique s’accompagne, mais aussi raconte les structures sous-jacentes des êtres et des substances. L’utilisation qu’elle fait d’éléments naturels, nous renvoie au pragmatisme des premiers humains, puisant dans leur environnement des ressources pour se couvrir, s’outiller, mais aussi déjà rêver et créer.
Notre société est abreuvée d’images d’excitation, de violence et de morts, tellement qu’elle les efface presque jusqu’à l’apathie, comme une manière de ne pas s’emparer des questions qui animent et tendent l’existence, sans doute pour éviter d’y faire face, au contraire des alchimies que tente Julie Dalmon. Les matériaux que rapproche et transforme l’artiste ne sont pas communs : coquilles, ossements, viscères, cornes, boyaux. Ils nous rappellent la consistance des choses, le statique et le mouvement, la vie et la mort. Souvent, ils maintiennent, supportent, enveloppent, protègent, alimentent, forment un corps, une entité ou encore un paysage. Le soin et le respect apporter aux œuvres, est une manière d’apprivoiser la mort. Sans provocation, avec poésie et rigueur d’ajustement, Julie Dalmon tisse des dialogues entre les superpositions du visible et de l’invisible.
Les gestes de l’artiste soulignent les liens entre microcosmes et macrocosmes, entre profondeur et surface, mais aussi les similitudes de structures entre les cours des rivières, les vaisseaux sanguins, les sutures du crâne, les failles des rochers, les jeux de lumières à travers les feuilles et les peaux. Il n’y a pas forcément représentation, mais suffisamment d’espace pour que des glissements s’opèrent et que chacun puisse se situer dans une cartographie de formes et de rapports de textures, lumières et couleurs.
Sur les œuvres présentées, damiers transparents cousus de peaux, dansent des voies lactées, des océans ou des îles. A la lecture de ces palimpsestes où s’embrassent les architectures mystérieuses de la vie avec les dérivations de l’artiste, nous plongeons à la fois à l’intérieur de nous-même et dans ce qui nous relie aux autres : une histoire d’énergie, de fluides et de matières.
Jérémy Chabaud, janvier 2025.
Le titre de l’exposition est tiré d’un poème « La maison natale », de Yves Bonnefoy